Riche d’un catalogue d’une centaine de titres, les Éditions La Bibliothèque se sont fixé une ligne à l’écart des modes : emmener le lecteur dans « un hors du temps qui est du temps, parfois bien plus que le présent cannibale ». piscine
Plongez dans le grand bain, en arpentant le Guide sentimental des piscines municipales de Paris, un livre à contre-courant de ses pairs touristiques. Plein de photos, de cartes, de gravures (signées Lucile Germanangue) et d’impressions de voyage ethnographique, il révèle le pouvoir des piscines sur ses deux auteurs, Jacques Damade et Isabelle Louviot.
Lequel ? La piscine, affirment-ils, « promet un infini ». À l’égal des églises, renchérissent-ils, « elle nous sépare du monde pour mieux nous ouvrir à un autre ». Elle active les forces imaginantes de notre esprit capable d’oublier « l’odeur du chlore qui nous écœure ou nous attire comme un fumet », de visualiser des vestiaires en cabines de paquebot ou de s’initier à la marche du bon pédiluviste.
Après l’avoir lu, vous regarderez autrement les 41 piscines municipales parisiennes réparties dans 17 arrondissements.
« La piscine, affirment-ils, « promet un infini ». À l’égal des églises, renchérissent-ils, « elle nous sépare du monde pour mieux nous ouvrir à un autre ». »
Dévoiler « l’âme du bassin » au terme d’une enquête de plus d’un an, le projet tient du pari littéraire qui creuse le fond de l’être. C’est un guide à deux visages.
Fidèle au genre, il développe les dimensions urbaine, patrimoniale et historique de ces lieux de baignade, œuvrant à la démocratisation de la natation et à l’émergence des loisirs pour tous dans la capitale traversée par la Seine.
Guide sentimental des piscines municipales de Paris
d’Isabelle Louviot et Jacques Damade, Éditions
La Bibliothèque, 152 p., 22 €
Plus original est l’œil amusé, poétique que posent les deux explorateurs, totalement portés par une phrase extraite d’Aurélien, placée en exergue : « C’est inouï, en plein Paris, la caresse, l’enveloppement de l’eau. »
« Une série de visions et de vertiges nous emporte d’une sensation à l’autre. »
Le souvenir de Gaston Bachelard, le philosophe de L’Eau et les rêves, est prégnant quand Jacques Damade et Isabelle Louviot décrivent la métamorphose du nageur : « Il y a un avant et un après la piscine. On le sait quand on sort. On s’est shooté au chlore. On n’est plus pareil. Quelque chose a circulé, s’est unifié. On a abandonné quelque chose de soi, on s’est abandonné à l’eau. »
Une série de visions et de vertiges nous emporte d’une sensation à l’autre. Par exemple, cette rêverie, à la piscine si bien nommée des Amiraux, sur « l’eau sertie de blanc, de vert et de lumière ». Ou le frisson à la lecture de la stupéfiante adresse, à deux pas du métro Belleville, de la piscine Alfred-Nakache, rue Dénoyez.
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Publié dans la
Revue des Deux Mondes
Mai-Juin 2025
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